Ce jeudi nous avons marqué le Yom HaShoah et dans une semaine, le 9 mai, nous tiendrons notre grand évènement « Life Learning Worthy ».
En pensant au sujet du billet de cette semaine, l’idée de faire le lien entre ces évènements et le Journal d’Anne Franck s’est imposée à moi. Pourquoi me direz-vous revenir sur un journal lu et rabâché? Le but est de démontrer que :
- les différents moyens de partage de la littéracie intègrent les compétences nécessaires au 21e siècle non pas malgré, mais avec le développement des plateformes technologiques;
- les compétences Lire, Écrire et Communiquer sont plus que jamais les tenants de ce qu’il faut savoir pour évoluer dans le monde d’aujourd’hui, non pas comme finalités intrinsèques, mais comme moyens d’enrichissement à la co-construction d’une vision du monde de demain.
L’éducation juive est leader en terme de « Life Learning Worthy », et ce, depuis toujours, et Anne Franck en est l’un des modèles à travers des références didactiques en matière d’apprentissage et de réflexions émanant d’Otto[1] le père d’Anne. Il y va également de l’éducation en français qui s’imbrique dans celle délivrée en anglais et en hébreu ici à Akiva.
- « Life Learning Worthy » c’est se préparer pour la vie
Quand on connait le sort d’Anne, c’était un crève-cœur ce matin durant l’assemblée de l’École Akiva en commémoration du Yom HaShoah que de comprendre qu’elle avait trouvé le moyen de se préparer à la vie en la célébrant dans ses moindres aspects durant sa captivité. Sa volonté d’apprendre, d’écrire son journal dans des moments terribles, sa volonté d’être publiée, d’un processus tourné vers le partage de ses connaissances et leur rayonnement. Son père dira d’elle qu’il n’avait jamais soupçonné que ses pensées et ses émotions aient été si profondes. Sommes-nous toujours conscients de ce qui se passe dans la tête de nos élèves et de nos enfants? C’est en les laissant s’exprimer, en leur faisant confiance, que nous le saurons.
- « Life Learning Worthy » c’est être partie prenante dans les apprentissages
Anne saisissait chaque opportunité pour apprendre. Otto disait qu’il avait été très surpris de voir qu’Anne s’était autant intéressée au problème et au sens de la souffrance des Juifs au cours des siècles. On sait en lisant combien elle était sensible à la nature dont elle était privée, au ciel bleu et aux oiseaux et surtout à ce grand marronnier qui caressait la fenêtre de son grenier. En tant que Juive, elle reconnaissait la connexion entre la nature et le judaïsme et sans aucun doute elle aurait été passionnée à l’idée d’en connaitre plus sur la science et la biologie, le cycle de l’eau et des saisons.
« Life Learning Worthy » c’est être capable de s’autoévaluer
Ce qui frappe surtout à la lecture des informations que livre son père c’est sa capacité à se critiquer, aspect de l’éducation que seulement depuis la réforme de 1999 nous plaçons comme une pratique de l’autoévaluation indispensable à l’apprentissage. Cette pratique synthétise à elle seule les fondements d’un apprentissage qui donne le gout d’apprendre et d’apprendre tout au long de la vie parce qu’il permet d’évoluer, de se motiver, de toujours repousser ses limites. C’est ce qu’Anne a fait repousser les limites au maximum.
En témoignant de notre respect pour notre mémoire commune, aussi douloureuse soit-elle et notre engagement envers la pensée créatrice, nous offrons, en français et dans les autres langues, à nos élèves des racines pour qu’ils y puisent leurs forces et des ailes pour qu’ils s’envolent et se déploient. C’est sans doute dans cette quintessence de cette expression – des racines et des ailes – que réside le « Life Learning Worthy ».
[1] http://www.annefrank.org/fr/Anne-Frank/Otto-rentre-seul/Otto-lit-le-journal-dAnne/