Cette année, le grade 5 ne cesse de nous étonner par la diversité des situations d’apprentissage qu’il résout. Ce trimestre, c’est sur le droit des enfants qu’il se penche d’une façon novatrice basée sur la littérature jeunesse qui met d’accent sur la communication. En effet, il est important que les élèves soient engagés dans un processus d’échanges en français pour réagir sur un sujet qui les touche d’aussi près vu leur âge.

Ce dont les élèves ont pris conscience grâce à leur lecture, c’est que la pauvreté gruge inévitablement les droits des enfants d’ailleurs, mais également d’ici, tout près de chez eux, que ce soit à Hochelaga Maisonneuve ou à Montréal Nord. Des médecins et des services sociaux se mobilisent au Québec et à Montréal pour leur apporter de l’aide. Le médecin social le plus médiatisé est le docteur Gilles Julien, mais nous avons au sein de notre communauté la pédiatre Ilana Kapusta qui a bousculé son emploi du temps de professeure à l’université et d’urgentiste pour nous faire l’honneur de passer une grande partie de la matinée à parler avec les deux classes de l’aspect social de son métier. Il était important pour l’enseignante Cyndi de tisser un lien palpable entre apprentissages et réalités de la vie quotidienne par l’entremise de quelqu’un qui œuvre en première ligne.

— Soigner une personne c’est soigner le monde, a exprimé Ilana en ouverture du débat. Cette conception juive est au centre de mon activité.

Ilanna a d’abord défini la notion d’enfance en difficulté, laissée à elle-même et pour laquelle faire les bons choix demande un effort colossal. Les droits des enfants sont multiples : être en sécurité, être nourris, soignés, éduqués… Parfois, ils sont bafoués et c’est aux professionnels de la santé d’intervenir. Puis, lors d’un échange à bâton rompu, les élèves ont pu poser des questions sur lesquelles ils avaient longuement réfléchi suite à leurs lectures et l’écoute de capsules pédagogiques.

La conversation a tourné principalement autour de la communication; celle qui n’existe pas au sein des foyers démunis et qu’il faut aider à rétablir; celle qui est indispensable entre les différents intervenants et la famille; celle que le médecin entretient avec son patient pour déterminer le mal dont il souffre et qui est la partie la plus importante de la consultation.

— 80 % de ma journée se déroule en français. C’est ma réalité de travail, a déclaré Ilana aux élèves. Le français est un outil de communication indispensable au Québec et dans tout le Canada parce qu’il y a les provinces où le français est très présent. Et il y a également les autres pays qui parlent le français en Europe et en Afrique entre autres. Toutes les langues sont importantes et particulièrement ici, c’est le français.

Puis, le débat a pris un tour plus personnel.

— Gilles Julien est issu d’un milieu défavorisé, avez-vous connu la pauvreté personnellement ou dans votre entourage?

— Mon père est arrivé de Pologne après la Deuxième Guerre mondiale et il n’avait rien, aucune possession, a répondu Ilana. Pourtant, je ne peux pas me considérer comme venant d’un milieu défavorisé parce que mes parents ne m’ont jamais laissée seule, qu’ils m’ont aidée dans tous les aspects de ma vie et que l’éducation était au centre de notre familiale. Ce n’est pas l’argent qui compte, ce sont les valeurs et la communication dans une famille qui font la différence.

Je voulais remercier la docteure Ilana pour son intervention qui fait d’elle un modèle inspirant pour nos élèves. Elle a su trouver les mots justes et délivrer un discours profond à différents niveaux d’interprétation. La richesse de notre école et de notre communauté réside dans ce sentiment fort qui nous lie tous et qui fait que nos enfants sont au centre de nos préoccupations, que leur assurer une belle et bonne éducation est important et que nos efforts en ce sens porteront leurs fruits. Mais cette posture n’a rien de nombriliste, au contraire. Elle nous aide à former nos élèves à l’acquisition des compétences du 21e siècle comme la collaboration, la communication, les habiletés sociales et culturelles et la citoyenneté. La docteure Ilana Kapusta en est l’illustration parfaite tout comme l’orientation de l’enseignement du français à Akiva.